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Trois-Rivières, le 22 juin 1837.


« Monsieur,

« Dans les circonstances critiques dans lesquelles se trouve le pays, je prendrai la liberté de communiquer à son Excellence le gouverneur en Chef, l’opinion que j’entretiens sur les mesures qu’on dit devant avoir lieu sous peu ou sitôt la réception des Instructions du secrétaire Colonial de Sa Majesté. Celles-ci seront peut-être péremptoires, alors le gouverneur n’y pourra malheureusement dévier ; peut-être aussi (et je l’espère) lui sera-t-il permis d’exercer quelque discrétion, c’est justement là le point, où son Excellence ramènera la tranquillité dans le pays ou en laissera échapper l’occasion pour le temps qu’elle a à demeurer parmi nous.

« Mes principes sont connus, je les maintiendrai toujours. Si je n’approuve pas dans ce moment les excès dans lesquels se donnent quelques-uns de mes compatriotes, j’approuve néanmoins la partie constitutionnelle de leurs démarches et je demande autant qu’eux que justice soit rendue à mon pays. C’est donc avec l’assurance d’un sujet Anglais réformiste, et non un sujet révolutionnaire que j’adresse avec franchise ces lignes à son Excellence, et que je la prie humblement de donner autant qu’elle le pourra son attention et son appui, à ceux qui désirent voir accommoder les affaires du pays avec le gouvernement de sa Majesté.

« Ceux qui sont ainsi disposés et dont je suis du nombre, se flattent que son Excellence ne convoquera pas le Parlement Provincial, ni ne procédera à une Élection générale avant d’avoir commencé l’œuvre de la réforme qu’elle a promise lors de son discours d’ouverture et que les Ministres étendront peut-être encore.

« En convoquant la chambre ou en faisant de nouvelles élections dans les circonstances actuelles, la chambre et le pays n’ont-ils pas droit de dire que le gouvernement de Sa Majesté n’ayant eu en effet des entrailles que pour les fonctionnaires publics et aucunement pour le peuple, son Excellence ne peut guère espérer d’un côté un accommodement avec la Chambre, ni des représentants mieux disposés de la part des Électeurs injuriés et sans justice ?

« Au contraire, différant l’adoption des mesures que je viens de mentionner jusqu’après la réforme, alors les Membres ou les