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fondée sur une simple hypothèse, n’a pas été admise, et ne peut l’être sans preuve plus forte contre les droits du navigateur français, qui a toujours joui sans contestation jusqu’à nos jours de l’honneur d’avoir le premier découvert le Canada.

« Plus homme de cabinet qu’homme d’activité et de mouvement, M. Berthelot s’est distingué dans le parlement moins par l’initiative qu’il a prise dans les affaires, que par sa modération, sa fermeté et sa loyauté à la couronne. Fier et indépendant par caractère, il a toujours marché avec le parti libéral, et ne s’est jamais séparé de la cause de ses compatriotes, qu’il a constamment soutenus dans la bonne comme dans la mauvaise fortune. En 1837, il eut le courage de se prononcer contre l’agitation naissante dans l’assemblée publique qui eut lieu à l’école des Glacis, alors que le peuple murmurait tout haut, dans son désappointement, contre la politique astucieuse de la métropole, et il se rendit auprès des chefs canadiens pour leur communiquer ses craintes sur l’avenir d’après la tournure que prenaient les choses, ne cessant pas en même temps cependant, et en toute occasion, de parler en faveur des droits de ses compatriotes, bien contraire en cela à certaines gens qui criaient dans ces jours de trouble comme des démagogues forcenés sur les places publiques, et qui sont devenus, aujourd’hui que l’Angleterre fait peser son joug plus fort sur leurs compatriotes, les serviles adulateurs de ses ministres les plus méprisés et les plus méprisables. Doué de plus d’esprit analytique que d’imagination, et timide par nature, prononcer un discours, c’était pour lui, comme il le disait, un travail pénible ; mais sa diction était toujours correcte et pure, quoiqu’il vécut dans un temps où l’on ne se piquait pas, comme à présent, de perfection sur ce point, et ses raisonnements étaient enrichis de recherches qui annonçaient une vaste lecture. Quoique sévère et chaste dans son style, il était, chose singulière, sujet à tomber dans l’exagération dans les intonations de sa voix et dans son geste, ce qui détruisait quelquefois l’effet de ses paroles chez le commun de ses auditeurs.

« Dans la vie privée, M. Berthelot avait, comme l’a dit un journaliste d’esprit, cette urbanité et cette politesse facile et délicate de l’ancienne société française dont le type s’efface tous les jours au contact des manières raides et empesées des uns, ou des allures brusques et grossières des autres. Ami sûr et sincère dans le commerce de la vie, il fut toujours étranger à tout esprit