Page:Audet - Les députés des Trois-Rivières (1808-1838), 1934.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 13 —

Au cours de la session de 1819, M. Ogden porta plainte contre le juge Bédard, des Trois-Rivières, qu’il accusait d’abus d’autorité, d’attentat à la liberté individuelle, et d’avoir dégradé la dignité de ses fonctions en les faisant servir à satisfaire ses vengeances personnelles. M. Ogden avait été emprisonné par son ordre pour libelle et désobéissance à la cour. Le comité spécial de l’Assemblée auquel la plainte avait été renvoyée, déclara qu’elle était nullement fondée. M. Bédard avait encore de bons amis à l’Assemblée.

Quatre ans plus tard, M. Ogden qui était le chef et le principal porte-parole de l’opposition en Chambre, proposa un amendement aux résolutions énergiques que la majorité proposait contre le projet d’union, mais cet amendement ne réunit que trois voix.

« La raison, disait-il,[1] pour laquelle l’union a causé une profonde alarme parmi les sujets d’origine française, est connue du gouvernement de Votre Majesté, et s’il venait nécessaire de déduire des raisons pour prouver combien la mesure que le gouvernement de Votre Majesté vient d’adopter est nécessaire, les suivantes pourraient être énoncées et considérées comme conclusives sur ce sujet : une jalousie et un manque de confiance en l’honneur et la droiture du gouvernement impérial, sur toutes les mesures qu’il a pu adopter pour promouvoir le bonheur des sujets canadiens de Votre Majesté, a été entretenue avec malheureusement trop de succès parmi les ignorants et les imprudents, la crainte d’une innovation ou d’un changement des anciennes coutumes et habitude agit fortement sur cette classe bien intentionnée mais sans éducation des habitants de cette province, et dans le cas où cette entrave à faire goûter les sentiments et les principes d’un sujet britannique ne serait pas par elle-même suffisante, elle a été adroitement fortifiée au moyen de considérations religieuses. Les garanties inviolables des traités et des actes du gouvernement impérial ont à peine servi à dissiper le manque de confiance qu’il est jugé nécessaire d’alimenter sur ce sujet, et Votre Majesté peut seule pleinement et équitablement apprécier jusqu’où cet esprit devient justifiable dans la réalité des choses, et jusqu’où il est consistant avec la saine politique de s’y soumettre. »

  1. Bédard, T.-P. — Histoire de Cinquante ans.