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d’enfants, n’est-ce pas ? Pas d’enfants, pas de famille ! Et pas de familles, pas de Canayens ! Rien que des Anglais et des Irlandais, voilà !

« Un jour l’impayable député s’était endormi sur son siège, lorsqu’une discussion animée l’éveille. Comme cette discussion se faisait en anglais, et que Marchildon ne comprenait pas un mot de cette langue, il demanda à son voisin ce dont il s’agissait. On veut faire passer un bill, dit celui-ci, un loustic, pour qu’il n’y ait plus qu’un seul coq d’Inde par paroisse : le coq d’inde du bedeau.

À ces mots, Marchildon bondit sur ses pieds :

— Monsieur l’orateur, s’écrie-t-il c’est encore une affaire pour aumolister les Canayens, cela. Je prétends que non seulement chaque habitant ait le droit d’avoir son coq d’Inde à lui, mais encore que chaque paroisse ait le droit d’avoir autant de coqs d’Inde qu’elle pourra en contenir, si ça fait son affaire ! »

M. le chanoine Prosper Cloutier, curé de Champlain, est plus modéré dans son appréciation de Marchildon. Il voit le côté pratique de ce député. D’ailleurs, suivant le dicton populaire, il n’y a si noir charbonnier qui ne puisse être blanchi.

« Homme de bien mais peu au fait de la politique.[1] Son titre à cette élection était celui d’être résident dans le comté. Il s’employa en effet, contre les habitudes ordinaires, à tenir vis-à-vis de ses électeurs les promesses faites en temps d’élection. Il obtint des ponts et des routes. Malheureusement M. Marchildon se fatigua la tête avec ce travail nouveau pour lui et un matin on apprit qu’il s’était noyé dans son puits, peut-être par accident. Cette nouvelle fit sensation. Il fut sincèrement regretté. Il laissait une veuve et de nombreux enfants. En société avec un de ses frères, il avait un chantier de construction de navires, à Batiscan, et les affaires étaient bonnes ».

L’honorable M. Joseph-Édouard Turcotte le remplaça à l’Assemblée législative.

Thomas Marchildon avait épousé à Batiscan, le 17 janvier 1837, Marie-Philie Lefebvre dit Despins.

  1. Histoire de la paroisse de Champlain. Vol. II, p. 453.