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MM. Roebuck, Leader, etc., dans le but de réaliser les prédictions de ces derniers sur les mauvais effets des résolutions. Ils ont été du reste et sont encore en ce moment, beaucoup moins sérieux que ne voulaient le faire croire les journaux des deux partis, les uns pour effrayer le Gouvt. les autres pour lui montrer la nécessité des mesures de rigueur. Le vrai but que se proposent les agitateurs est d’agir sur l’esprit du Ministère Britannique et sur l’opinion publique, par ces bruyantes protestations, et d’arracher à la crainte ce qu’ils n’ont pu obtenir de la persuasion. C’est dans le même espoir qu’ils cherchent à établir quelques rapports entre leur Pays et les États-Unis, et qu’ils font, en ce moment, signer par leurs partisans une pétition au Congrès, tendant à obtenir une réduction de droits sur leurs grains. Ils ne se bornent pas à inspirer à l’Angleterre des inquiétudes sur la conservation de la Colonie, ils veulent encore lui en rendre la possession peu profitable et même onéreuse, en l’obligeant à accroître sa force militaire et ses autres moyens de défense, et en la privant en même temps d’une partie des profits que son commerce retire du Canada. Pour obtenir ce dernier résultat, ils ont pris la résolution de ne plus consommer de produits Anglais, ou importés par les batimens de cette nation, et de ne faire usage que d’objets manufacturés dans le Pays, ou introduits en contrebande. Il paraît que cette recommandation a déjà été suivie d’assez d’effet pour produire une diminution sensible dans la vente des importations anglaises. Quant aux moyens plus violents et plus décisifs c’est à dire le recours aux armes, il faut espérer que malgré les excitations de la Presse et des résolutions des meetings qui prêchent ouvertement la révolte les Canadiens seront assez sages assez prudens, assez éclairés sur leurs véritables intérêts pour s’en abstenir. Ils n’auraient en effet aucunes chances de succès, dans les circonstances actuelles, et cette imprudente tentative, non seulement causerait la ruine actuelle de leur Pays, mais aurait encore pour effet inévitable de reculer, indéfiniment peut être, l’époque du redressement de leurs griefs et de leur émancipation, deux choses que le temps et l’influence de l’opinion publique peuvent seuls amener. J’espère qu’ils renonceront aussi au projet moins dangereux mais aussi impolitique, de recourir à l’intervention des États-Unis, d’abord au moyen de la pétition dont j’ai parlé plus haut ensuite, peut être, en réclamant l’exécution des promesses faites au Canada par la Confédération Américaine, dans l’acte de déclaration de son Indépendance. C’est dans ce sens que je me suis franchement ex-