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la cause, inconsciente peut-être, de la division du parti canadien en chambre et de la fondation du nouveau parti soi-disant démocratique, ayant pour chef les deux Dorion, Rodolphe Laflamme, Dessaulles et autres. Il prit enfin sa retraite de la politique et se retira en son manoir de Montebello d’où il ne sortit plus guère jusqu’à sa mort survenue le 22 septembre 1871, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans.

Louis-Joseph Papineau avait épousé, à Québec, le 29 avril 1818, Julie, fille de Pierre Bruneau et de Marie-Anne Robitaille. De cette union naquirent trois fils, Lactance, Gustave et Amédée, et deux filles, Ézilda et Azélie. Cette dernière épousa Napoléon Bourassa. De ses trois fils, Amédée seul lui survécut ; les deux autres moururent jeunes.

Terminons cette esquisse par ce paragraphe cueilli dans l’ouvrage de M. De Celles :

« Ce serait faire injure à sa mémoire que de conclure de l’attitude de Papineau dans les luttes qui ont occupé une partie de sa vie, qu’il fut un homme imbu de préjugés de race. Son hostilité n’a jamais été dirigée contre les Anglais comme peuple ; elle visait uniquement les ministres qui refusaient de nous accorder, dans toute leur intégrité, les droits de sujets britanniques que nous étions fondés à réclamer. Il serait impossible de relever dans l’ensemble de ses discours une seule parole malsonnante à l’adresse du peuple anglais. Ses idées l’auraient plutôt entraîné à un cosmopolitisme conforme aux aspirations de la démocratie. À ce point de vue, il est en avance sur ses contemporains de tous les pays, où les préventions religieuses et nationales, toujours actives, ne rappellent que trop souvent les hommes arriérés des siècles évanouis. Un jour que M. Ougy, Suisse d’origine, inféodé au parti anglais, disait, à la Chambre de Québec, qu’il préférait voir aux affaires un ministère composé de citoyens nés dans le pays, Papineau lui répondit : « Pour moi, ce que je désire, c’est un gouvernement composé d’amis des lois, de la liberté, de la justice ; d’hommes qui protègent indistinctement tous les citoyens, qui leur accordent tous les mêmes privilèges. J’aime, j’estime ces hommes sans distinctions d’origine ; mais je hais ceux qui, descendants altiers des conquérants, viennent dans notre pays nous contester nos droits politiques et religieuxOn nous dit : « Soyons frères » ! Oui, soyons-le, mais vous voulez tout avoir : le pouvoir, les places et l’or, c’est cette injustice que nous ne pouvons souffrir. »