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Louis Picotte n’était ni un grammairien ni un humaniste. À peine savait-il assez lire et écrire pour conduire ses affaires. Il ne manquait cependant pas d’esprit naturel et, à l’occasion, il montrait que son défaut d’instruction ne l’empêchait pas de tirer son épingle du jeu avec les hommes les plus brillants. On a conservé de lui des bons mots qui peignent son esprit narquois. On rapporte, par exemple, certaine séance de la Chambre où le député Picotte avait tenu tête au Canadien réputé le plus spirituel de son temps, Joseph-Rémy Vallières de Saint-Réal, qui occupait alors le fauteuil présidentiel. Ironiste irrésistible d’ordinaire, dit M. Malchelosse, Vallières ayant à se prononcer sur une interpellation de Picotte, eut la malencontreuse idée de le tourner en ridicule en lui servant une suite de citations de textes espagnols, grecs et latins. Nullement dérouté par ces remarques, Picotte répliqua aussitôt en esquimaux, en cris, en algonquin et… en français. Il mit les rieurs de son côté, Vallières avait largement reçu la monnaie de sa pièce, au grand amusement de l’auditoire peu habitué à pareil spectacle.

Louis Picotte fut un grand voyageur et un chasseur émérite. Il parcourut le continent de l’Atlantique aux Montagnes Rocheuses et il vécut tour à tour la vie des Algonquins du haut Saint-Maurice, des Esquimaux du Labrador et des Cris des plaines de l’Ouest. Qui racontera ses odyssées, qui dégagera cette figure pittoresque de l’ombre, demande, en terminant, M. Malchelosse.

En attendant l’histoire romancée de ce brave homme, que quelqu’un pourra peut-être nous donner un de ces jours, continuons de recueillir tout ce qui pourrait jeter un peu de lumière sur le personnage. Ce sera toujours autant de gagné.

Le notaire Richard Lessard, de Sainte-Ursule, qui occupe ses moments de loisir à étudier notre petite histoire, surtout celle qui comprend la région qu’il habite, fait au sujet de l’instruction prétendue rudimentaire de M. Picotte, une mise au point qui va quelque peu à l’encontre des vues de M. Malchelosse.

« Contrairement à ce qu’on a semblé croire, Louis Picotte possédait une instruction plus que rudimentaire et il avait une fort belle écriture si on en juge par sa signature aux registres de la paroisse de la Rivière-du-Loup. Ce qui nous confirme dans cette