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Avant de monter sur le banc judiciaire, il avait été, durant plusieurs années, député à l’Assemblée législative, et il en avait même, pendant quelque temps, occupé le fauteuil présidentiel. Il se nommait Joseph-Rémy Vallières de Saint-Réal.

Comment une telle chose avait-elle pu se produire ? C’était, sans doute, durant les troubles de 1837 ? Il était tombé victime de l’oligarchie, qui opprimait alors nos compatriotes et les forçait à se soulever et à secouer le joug d’Albion devenu trop lourd ? Non. Il fut tout simplement la victime de la haine et de la perfidie de certains juges de paix de Trois-Rivières, qui voulurent exercer contre un de nos plus distingués compatriotes une mesquine vengeance, dictée par une basse jalousie.

C’était en 1834. Vallières demeurait à Trois-Rivières, où, depuis cinq ans, il remplissait, avec honneur pour lui et ses compatriotes, les fonctions de juge de la Cour du banc du roi.

Comme tout homme occupant un poste élevé, il avait des ennemis. Bien peu, il est vrai, car son noble caractère ne pouvait que lui attirer l’estime des gens bien pensants ; mais n’existe-t-il pas toujours et partout des envieux qui ne cherchent que l’occasion de salir de leur bave tout ce qu’ils peuvent approcher ? Ils se tiennent dans l’ombre, attendant le moment propice pour cracher leur venin. C’est ce que firent ces tristes sires.

Entre autres propriétés acquises par Vallières, il s’en trouvait une qui était située au nord de la ville, sur le chemin conduisant à la traverse du Saint-Maurice. Cette route, très ancienne, déviait beaucoup de la ligne droite et longeait, sur une certaine distance, la rive très escarpée en cet endroit.

En 1799, c’est-à-dire trente-cinq ans auparavant, le grand-voyer du district avait fait homologuer un plan pour redresser une partie de ce chemin ; mais, pour une raison qui nous est demeurée inconnue, ce travail n’avait pas été exécuté. Or, fort de ce procès-verbal, M. Vallières refit, un jour, la partie de ce chemin qui passait sur sa terre et ferma l’ancienne route. D’habitude, ces sortes de changements ne plaisent pas à tout le monde. Il se trouve toujours des mécontents qui ne demandent pas mieux que d’engendrer chicane à propos de tout et à propos de rien. Sous ce rapport, les Canadiens en pourraient remontrer aux Normands, leurs ancêtres.