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lières de Saint-Réal, et qui n’affecte nullement sa réputation ni son caractère, c’est que le sujet a paru intéressant à plusieurs écrivains qui s’en sont occupés.

Reprenons maintenant notre récit interrompu.

M. Vallières n’était donc pas né dans la ville de Québec, comme le croyait son ami M. de Gaspé, mais bien à Carleton, dans la Baie des Chaleurs, où le père exerçait le métier d’armurier. C’est dans cette baie « qui fait encore aujourd’hui les délices des touristes qui viennent des pays lointains jouir d’un paysage dont la suave beauté est toujours la même »[1], que le jeune Vallières passa ses premières années, et non dans le Haut-Canada.

Madame Vallières s’étant remariée, et étant allée demeurer à York, Haut-Canada, un oncle de l’enfant, Basile Amyot, maître tonnelier, demeurant à la Basse-Ville de Québec, l’avait recueilli chez lui, Laissons maintenant la parole à M. de Gaspé, l’aimable auteur des Mémoires[2] :

« Je crois ne pas me tromper en avançant que le sujet de cette biographie était l’homme doué de plus de talents naturels qu’ait produit le Canada. Orphelin dès l’âge le plus tendre, son génie se fit jour à travers tous les obstacles ; confondu, d’abord, avec les autres enfants qui fréquentaient le catéchisme à la cathédrale de Québec, il se fit remarquer aux premières questions que lui fit le vicaire qui préparait les enfants à la première communion.[3]

« J’ai vu ce matin, au catéchisme, dit le vicaire à Monseigneur Plessis, alors Coadjuteur et curé de Québec, un enfant qui m’a étonné. Surpris de ses réponses, je lui ai fait des questions bien

  1. Jacques Cartier par Joseph Pope, trad, de L. P. Sylvain, 1890.
  2. Page 254.
  3. D’après l’« Histoire de la Paroisse de Saint-Joseph de Carleton », par l’abbé Chouinard, c’est lors de sa première visite à Carleton, et non à Québec, que Mgr Plessis connut la famille Vallières et l’enfant, alors âgé d’une dizaine d’années. Il aurait engagé le père à venir s’établir à Québec afin d’assurer l’avenir de son fils, lui promettant sa haute protection. M. l’abbé Chouinard commet une erreur évidente, car ce n’est qu’en 1811 que Mgr Plessis fit le voyage en Gaspésie, et M. Vallières avait alors vingt-quatre ans et faisait son droit à Québec.