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M. Bibaud, dans son Panthéon, nous fournit quelques renseignements. Enfin, M. Antoine Gérin-Lajoie a fait son éloge devant l’Institut Canadien à Montréal, en 1847, et M. Barthe lui consacre quelques pages dithyrambiques dans ses Souvenirs d’un demi-siècle. Mais, nous le répétons, nulle biographie ne nous est parvenue, et, comme pour les héros de l’antiquité, la légende s’est emparée de son nom.

M. Lareau dit que M. Gérin-Lajoie[1] est un véritable artiste dans l’art d’écrire. « Doué d’une belle imagination, d’une âme sensible, de sentiments nobles et élevés, c’est encore un citoyen honorable, un beau caractère et un écrivain supérieur. »

Nous n’avons pas à juger ici les œuvres de cet écrivain. Nous nous contenterons de dire que M. Gérin-Lajoie, qui n’était encore qu’un étudiant en droit, a fait un assez bel éloge de son héros — dans le style et le goût de l’époque. Il est d’une sensiblerie qui nous paraît quelque peu étrange aujourd’hui. Il a aussi l’enthousiasme facile d’un jeune, — ce qui est assurément fort pardonnable, — et il proclame son admiration sans bornes à chaque ligne de son effort littéraire, mais la partie historique est entachée d’erreurs regrettables. La « belle imagination » du jeune auteur paraît avoir voulu suppléer à ce qui lui manquait en fait de connaissances historiques, et il a brodé sur un thème qu’il affectionnait, s’occupant plutôt de la forme de la phrase et de la joliesse du mot qui fait image, que de la stricte vérité historique. En d’autres termes, il s’applique plutôt à arrondir et à polir ses périodes qu’à consulter les documents : il fait de la littérature, non de l’histoire.

M. Guillaume Barthe[2] nous fait à son tour son boniment sur M. Vallières et, dans une prose pompeuse et boursoufflée, il nous raconte l’entrevue de Mgr Plessis avec le jeune Vallières, sur la plage de Carleton. Il nous dit ensuite les qualités brillantes et les mérites multiples de « ce prodige humain… de ce météore dans la prodigieuse carrière qu’il a fournie avec un éclat extraordinaire… » C’est là du clinquant littéraire, ce n’est pas de l’histoire.

  1. Histoire du droit canadien, II. M. Lareau semble ignorer ce travail de Gérin-lajoie ; il n’en fait pas mention dans son ouvrage
  2. Op. cit