Page:Audet - Jean-Daniel Dumas, le héros de la Monongahéla, 1920.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Année 1758


L’année 1758 s’ouvrait au Canada sous des auspices à la fois heureux et inquiétants. L’avantage de la campagne de l’année précédente était, certes, demeuré aux Français ; mais l’avenir s’annonçait sombre à cause de la famine qui sévissait dans le pays. Les récoltes n’avaient presque rien produit, et les secours en vivres attendus de France n’arrivaient pas. On savait de plus que l’Angleterre organisait des préparatifs formidables en vue de la prochaine campagne, et qu’elle disposerait de forces bien supérieures en nombre à celles de l’année précédente.

De plus, des lettres du fort Duquesne indiquaient que l’ennemi faisait de grands efforts pour détacher les Sauvages des Français. « Le commandant actuel du fort Duquesne ne paraît pas réussir aussi bien avec eux que son prédécesseur » (M. Dumas), écrivait le marquis de Montcalm.[1] Il y avait donc lieu d’être inquiet et de craindre l’avenir qui s’annonçait sous de sombres pronostics.

M. Dumas, à qui on avait demandé son avis sur la défense du fort Duquesne, avait répondu que ce poste ne pouvait que déshonorer l’officier

  1. Lettre à M. de Paulmy, 10 avril 1758.