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La bataille était donc loin d’être gagnée lorsque M. de Beaujeu tomba. Les choses allaient mal et semblaient vouloir plus mal tourner encore, quand M. Dumas, du geste et de la voix, ranimant les hommes qui lui restaient, se porta hardiment de l’avant. Ses soldats ouvrirent un feu si vif, si meurtrier, que l’ennemi en resta étonné, hésita, et cessa ses cris. Les Sauvages s’en étant aperçus revinrent prendre part au combat. M. Dumas envoya aussitôt[1] le chevalier Le Borgne et M. de Rocheblave dire aux officiers qui étaient à leur tête de prendre l’ennemi en flanc.

Les tuniques rouges des troupes régulières anglaises, se détachant nettement sur le fond vert de la forêt, offraient un point de mire superbe à nos gens tous habiles tireurs. Aussi point de balles perdues : tous les coups portaient, et l’on choisissait de préférence les officiers afin de priver les soldats de leurs chefs. Les rangs de l’ennemi s’éclaircissaient à vue d’œil, des lignes entières tombaient à la fois, fauchés comme des épis mûrs.

Les Anglais attaqués de tous côtés offraient cependant une résistance opiniâtre, et ne faisaient point mentir la réputation de bravoure et de ténacité de leur race. What we have we hold semblait d’ores et déjà être leur fière devise. Mais la se-

  1. M. Dumas au ministre, 24 juillet 1756.