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Messrs de Carqueville Lapérade, Le Borgne, Mommidy et Hertel furent enlevés, les deux premiers expirent en arrivant au fort : il ne me resta plus de monde pour faire enlever le corps de monsieur De Beaujeu, je le fis cacher dans un ravin un peu écarté du chemin.

« Cependant touts les sergents étoient occupés à répandre les poudres des ennemis et à démonter leur artillerie. Je dépéchay un courier à mons De Contrecœur pour luy demander cent hommes avec des doux d’acier pour enclouer le canon, ce détachement étant parti trop tard s’égara dans le bois pendant la nuit la plus obscure et n’arriva que le lendemain.

« Touts les sauvages chargés de butin et de chevelures prenoient le chemin du fort à la réserve d’un certain nombre qui ayant trouvé de l’eau de vie dans les chariots ne purent se résoudre à l’abandonner et qui passèrent la nuit à se saouler.

« Nous étions dans cet état lorsque monsr Deslignerie vint à moy et me représenta qu’il n’y avoit pas moyen de garder la place ; qu’il ne nous restoit plus personne ; et que l’ennemi étoit en état de revenir avec huit cents hommes fraix qu’il avoit fort près de nous. Nous nous consultâmes et nous prîmes le parti de nous retirer en vûe de rallier notre petite armée qui avoit peu souffert et qui n’étoit que dispersée pour nous mettre en scitua-