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rieures à 1789 se sont étendus aux Académies fondées au dix-septième siècle sous le patronage du cardinal de Richelieu, du chancelier Séguier, de Colbert et de Pontchartrain. Mais il faut signaler ici des circonstances exceptionnelles. La destruction a été la dernière ; le rétablissement a été le premier. C’est la Convention qui, le 8 août 1793, a supprimé « toutes les Académies et sociétés littéraires patentées ou dotées par la nation » ; c’est aussi la Convention qui, au moment de terminer son orageuse existence, a voté la constitution du 5 fructidor an III (22 août 1795), dont l’article 298 posait le principe de la création d’un Institut national « chargé de perfectionner les arts et les sciences », et la loi du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795) sur l’instruction publique, dont le titre IV organisait l’Institut.

Le revirement est aussi accentué qu’il est rapide. Rien de plus violent que les griefs accumulés contre les Académies dans le rapport de Grégoire qui a préparé la loi de 1793, et dans le discours de David qui a jeté l’anathème sur ces sociétés. Rien de plus lyrique et de plus enthousiaste que les discours dans lesquels Boissy d’Anglas et Daunou célèbrent les mérites et la gloire future de l’Institut national, qui groupe, dans de nouvelles conditions, les savants, les hommes de lettres et les artistes. Rien de plus respectueux pour le principe même des sociétés académiques organisées et patronnées par le gouvernement que le langage du ministre de l’intérieur du Directoire, Bénezech, quand il installe les premiers membres de l’Institut dans les salles du Louvre, où siégeaient deux ans auparavant les membres des Académies supprimées.