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tel fut cet Auguste dont la main sanguinaire caressa les muses, et par ce moyen le complice d’Antoine et de Lépide fit oublier les horreurs du triumvirat ; tel fut ce Richelieu qui, en créant une Académie, cherchait des panégyristes et des esclaves.

« Tel fut ce Louis XIV qui, après avoir écrasé la France pour porter au loin la terreur de son nom, faisait chanter, par ses poètes gagistes, le monument des Invalides, où il entassait ses victimes, et qui était moins un asile ouvert à l’humanité qu’un trophée érigé à son orgueil ; tout l’encens du Parnasse fumait sur ses autels. Despréaux lui-même, le sévère Despréaux écrivait :

Grand Roi, cesse de vaincre, ou je cesse d’écrire.

« L’Académie française, qui chassa de son sein le bon abbé de Saint-Pierre, fut presque toujours un instrument entre les mains du despotisme ; elle avait ouvert un concours sur cette question : Laquelle des vertus du Roi est la plus digne d’admiration ? »

Grégoire cite ensuite un discours de Tallemant, qui remonte au dix-septième siècle, pour montrer combien les travaux de l’Académie française étaient frivoles. Il a bien soin de ne rien dire de Montesquieu, de Voltaire, de d’Alembert, de l’influence dominante des philosophes dans l’Académie pendant la seconde moitié du dix-huitième siècle. Ce qu’il vient de dire a démontré suffisamment que les Académies sont inutiles.

« À la renaissance des lettres, il fut avantageux peut-être que le gouvernement donnât aux sociétés littéraires