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chie. Abandonnez-leur ces hochets séduisants et cette gloire innocente ; qu’on les vante comme les restaurateurs des sciences et des arts, les amis et les pères des lettres et que, dans ces distractions, ils oublient la passion des ministres et des rois. »

Lanjuinais, qui, dans les discussions de l’Assemblée constituante, n’a pas donné la mesure de son mérite, ne se laissa pas persuader. Il combattit avec raideur et sécheresse le privilège, le monopole des Académies. Il soutint que les sociétés littéraires et scientifiques n’avaient besoin que de la liberté. Il invoqua l’exemple de l’Angleterre et de l’Allemagne, où beaucoup de sociétés semblables étaient florissantes sans être patronnées par le gouvernement.

La passion politique se montrait dans plusieurs passages de ce discours.

« Les Académies privilégiées et pensionnées sont des foyers d’aristocratie littéraire et civile ; la plupart de leurs membres ont contrarié la révolution par leurs discours et par leurs écrits.

« L’Académie française surtout, sur laquelle le gouvernement a non pas une autorité directe comme sur les autres, mais une autorité d’influence très efficace, est un établissement dangereux dans un gouvernement libre. L’éloquence ne consiste plus à aligner froidement quelques phrases ingénieuses et correctes.

« Voltaire, cet écrivain prématuré, malgré ses supplications avilissantes, n’a été de l’Académie qu’à cinquante ans et n’en était pas moins Voltaire. Rousseau, Raynal et Mably, dont je déteste les erreurs, mais dont j’admire le