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français, de respecter les anomalies arabes.

Les victimes ordinaires ont beau se faire éloquentes et suppliantes, leur voix désespérée n’émeut pas plus le public que les juges. J’en ai vu se tordre les bras, se rouler à terre, hurler, mordre ceux qui les approchaient, en entendant la justice française, stylée par des trembleurs, leur appliquer le droit coutumier musulman, si formellement en contradiction avec notre droit français.

Trop souvent les juges annulent des mariages librement consentis, pour livrer la femme à l’homme qui l’a achetée, alors qu’elle était petite enfant. Que dis-je, il se trouve même des magistrats français, pour livrer la jeune fille à l’homme qui l’a achetée avant qu’elle ne soit née !

Il y a quelques années, à Ben-Mensour, un père vendit sa fille à naître. Quand la petite fut venue au monde, il voulut résilier le contrat passé et s’adressa aux tribunaux ; mais les tribunaux donnèrent gain de cause au mariage projeté, la jeune fille vendue avant sa