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crié comme une jolie femme sous le couteau du bourreau, s’étalait une flaque de sang. La petite Kansa, désespérée s’étendit dans ce sang encore fumant ; sa mélafa (robe) et son haïck se teignirent de pourpre, elle avança la tête sur le billot, et le cœur crevé, la voix pleine de sanglots, elle dit au boucher :

« Je suis trop malheureuse… trop… malheureuse… saigne-moi ! »




Sadia




Tout le monde est frappé du grand air des Arabes et de la majesté royale avec laquelle les plus pauvres d’entre eux se drapent dans leur burnous troué. Cette distinction n’est pas seulement l’apanage des hommes ; bien des femmes de la race seraient — si elles se montraient — sacrées reines dans les milieux les plus aristocratiques de nos cités civilisées.

Sadia est parmi les plus triomphantes de ces reines.

La femme arabe est petite, généralement. Sadia est grande, gracieuse, élégante ! Sa voix est une harmonie, son charme trouble et fascine. Seulement, la renommée de sa coquetterie est aussi répandue que celle de sa beauté.