Page:Auclert - Les Femmes arabes en Algérie, 1900.pdf/232

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ils ont pu obtenir les chevaux réquisitionnés pour la transporter.

Seulement, les Arabes sont fous de briller dans les fantasias ; au lieu de prêter leur cheval pour porter à la fête les administratrices et leur nichée, beaucoup ont préféré l’enfourcher pour s’y rendre eux-mêmes. Résultat pour eux : cinq jours de prison et quinze francs d’amende. Mais la joie de se réunir aux goums, d’aller en bottes rouges sous le drapeau vert déployé se joindre aux cavaliers qui s’échelonnent dans la plaine, de voir les grands marabouts, les grands nobles, vaut bien la peine que l’on risque quelque chose.

Les grands de tous les pays ont une manière particulière de se distinguer du commun des mortels. Les nobles arabes venus à la fantasia sont, eux, décorés d’une façon aussi incongrue qu’originale : ils sont décorés… de fiente !… Oui… de fiente de faucon ! Ils ont sur leur burnous les traces des excréments de l’oiseau chasseur ; c’est, dans le désert, une marque de gentilhommerie. Cela vaut bien le bout de ruban ou la ferblanterie dont — pour se faire remarquer — se marquent les Européens.

Le gouverneur général de l’Algérie, en l’honneur duquel se font tous ces préparatifs, revient du Sud. Il ramène des wagons de choses rares ; il a reçu des Mouadhin, en signe de soumission des masses de