Page:Auclert - Les Femmes arabes en Algérie, 1900.pdf/223

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les Beni-Gharabas


La tribu des Beni-Gharabas, renommée par sa large hospitalité et son esprit d’indépendance, tenait, avant la disette qui affame les Arabes de l’Algérie, on peut dire tente ouverte ; elle se ruinait en diffa (repas d’honneur) pendant qu’elle retirait du sol, presque sans culture, le blé, l’orge, le maïs, le tabac, les fèves et les olives. Mais successivement deux récoltes ont manqué, les silos (greniers souterrains) sont vides, et, par pur hasard certainement, les amendes pleuvent depuis qu’elle ne peut plus rôtir des moutons entiers et préparer du kouskous à la poule pour les autorités.

À tour de rôle, ses chameaux, ses chevaux, son bétail, ses troupeaux de moutons et de chèvres ont pris le chemin du marché. Malheureusement, les prix sont avilis par la surabondance des arrivées ; tout se vend pour rien, et puis il se trouva — le jour où l’on conduisit bœufs et vaches au marché — que l’administrateur du centre dans lequel la tribu des Beni-Gharabas est englobée eut justement besoin de deux vaches laitières ; il choisit les deux plus belles du troupeau et en les marchandant égrena, par habitude, le chapelet d’amendes qu’il avait en réserve pour la tribu.