Page:Auclert - Les Femmes arabes en Algérie, 1900.pdf/205

Cette page a été validée par deux contributeurs.

enrayer ni la ruine, ni la mort sont seuls au gouvernail ? Si les femmes y avaient leurs places, est-on certain qu’elles n’auraient pas — avec leur prévoyance et leur intuition — trouvé le moyen de paralyser l’action des sauterelles ?

Des malheureux, hommes, femmes, enfants, ramassent les sauterelles qui sont achetés un franc le sac de vingt-sept kilogs par la municipalité algérienne.

Au mol appel fait pour combattre le fléau, la population ne répond pas en nombre, alors qu’il faudrait que contre cette monstrueuse invasion, l’Algérie tout entière se rue avec entrain.

Sur le crédit ouvert pour organiser les secours et la défense, les habiles et les protégés obtiennent de gros dédommagements ; mais les tout petits colons ? mais les indigènes ? Qui pense à eux ? Seront-ils donc toujours comme en 1867, condamnés à mourir de faim et à empoisonner l’air de leurs cadavres, laissés sans sépulture dans leurs champs dévastés ?

Il ne faut pas oublier qu’en prenant possession de l’Afrique, les Français ont assumé en même temps que le pouvoir, la responsabilité des êtres et des choses. Ils ont pris charge de corps en même temps que charge de terre.

L’Arabe attend des occupants français, — qui n’ont malgré leur science et leur civilisation, pu prévoir et prévenir mieux que lui, l’invasion des sauterelles —