Page:Auclert - Les Femmes arabes en Algérie, 1900.pdf/204

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bocal sa petite expérience, pour la ponte des pélerins et l’éclosion des criquets. J’en ai enfermé comme tout le monde ; ce que voyant, notre Arabe me demande : « Tu veux en manger ? » Je n’ai pas — tant nos préjugés sont grands pour tout ce qui touche à la nourriture — osé en goûter. On assure que leurs cuisses ont un vague goût d’écrevisses et un chimiste, qui les a analysées, certifie qu’elles sont plus nourrissantes que le bœuf.

Dans le sud de l’Afrique, ces insectes salés, séchés, sont pour beaucoup de tribus la base de l’alimentation ; certaines les réduisent en poudre et en font du pain. Les nomades les mangent aussi bien crues que cuites. C’est pour eux la manne tombée du ciel.

Mahomet a autorisé dans le Koran l’usage des sauterelles ; malgré cela, je crois que peu d’habitants du Nord africain s’aviseront de s’en nourrir ; ce serait peut-être cependant prudent d’en faire des conserves qu’on mangerait durant la disette, quand les plaines fertiles de l’Algérie se seraient transformées en une immense mer grouillante et jaune.

Sans interruption, les bataillons ailés succèdent aux bataillons, forment des nuées immenses qui montent du Sud au Nord, empoisonnant des cadavres de leurs traînards les citernes et les rivières.

C’est en présence de cette calamité, qu’on peut se demander pourquoi les hommes qui ne savent