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De cette terre mouillée de larmes, on fait des amulettes que tous ceux qui s’intéressent aux disparus portent sur leur cœur, comme des reliques avec la sainte croyance que ce témoignage d’affection ramènera sains et saufs les voyageurs au logis. Cet amour fait talisman, est bien suggestif. Nous n’avons pas, nous, civilisés, trouvé, pour prouver notre attachement, quelque chose d’aussi réellement touchant dans sa simplicité.

Quand un homme veut se faire aimer d’une femme indifférente, il doit porter sur lui une amulette qui a été écrite par un taleb nu, avec une plume taillée dans le bois du laurier-rose mâle, trempée dans l’encre jaune.

Un marabout renommé se fait parfois payer quatre ou cinq douros, pour écrire une amulette préservatrice des maladies ou des voleurs.

À côté des amulettes bienfaisantes, il y a des amulettes redoutables. Celles qui contiennent des poils de chacal, rendent le cœur lâche ; celles sur lesquelles on a craché trois fois, attirent la mort sur ceux qui les portent.