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LE VOTE DES FEMMES

dans chaque cité, mais dans chaque famille. De là, naquit l’usage d’appeler les femmes aux délibérations sur la paix et la guerre.


Les Gaulois prenaient les femmes pour arbitres de leurs différends.


Quand les soldats d’Annibal, venant d’Espagne, voulurent passer les Alpes pour envahir l’Italie, les Gaulois, qui se demandaient si ils laisseraient le général Carthaginois traverser leur pays, prirent les femmes pour arbitres et les chargèrent de régler les difficultés qui pourraient surgir. Il fut stipulé dans le traité passé entre Annibal et les Gaulois : « Que si les Carthaginois avaient à se plaindre de leurs hôtes, ils exposeraient leurs griefs au tribunal des dames Gauloises lesquelles en seraient juges. » (Fauchet)

Annibal reconnut cette autorité féminine si nouvelle pour un Carthaginois. Quelques femmes siégeant au bord du Tet, prononcèrent en dernier ressort sur la demande et les plaintes de celui qui allait ébranler Rome. Il n’eût, paraît-il, jamais qu’à se féliciter des arrêts du tribunal féminin.

Les Celtes ou Germains délibéraient aussi avec leurs femmes sur la paix et la guerre ; c’était avec les femmes – auxquelles ils attribuaient une divination sacrée et prophétique – qu’ils éclaircissaient tous les différends qui s’élevaient entre eux.