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LE VOTE DES FEMMES

Les détenteurs du pouvoir considérèrent toujours comme subversive l’idée féministe. L’Église favorisa cette tendance en flétrissant au concile de Paris « les dames qui au mépris de la constitution canonique, se mêlent des choses de l’autel, manient effrontément les vases sacrés et, ce qui est plus grave, plus indécent, plus inepte, offrent le corps et le sang du Seigneur aux fidèles ».

Quand les hommes veulent se réserver le monopole d’une bonne place, que ce soit celle de prêtre ou celle de député, ils sont d’accord, pour dire à la femme que c’est inepte et indécent, de la leur disputer.

Les libres-penseurs enlèvent aux femmes l’espoir d’être indemnisées au ciel de leurs souffrances ; mais, ils ne se hâtent point de leur donner ici-bas tout leur dû.

Laïciser la France, ce n’est pas seulement cesser de payer pour enseigner des dogmes religieux, c’est rejeter la loi cléricale – infériorisant la femme – qui découle de ces dogmes.

Les apôtres de la foi civile qui dénient aux Françaises leurs droits politiques, sont frères jumeaux des évêques du concile de Mâcon, qui se demandaient si les femmes avaient une âme et faisaient partie du genre humain.