Page:Auclert - Le vote des femmes, 1908.pdf/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
LE VOTE DES FEMMES


n’ont pas de mari est un démenti donné à ceux qui affirment que les femmes sont représentées à la Chambre pur leur mari.

M. Aulard, dans un de ses cours, a rappelé que les hommes ont commencé à user de cette échappatoire pour s’abstenir de conférer le vote aux femmes lors de la discussion de la Constitution de l’an III.

À propos de l’abolition du suffrage universel, Rouzet, député de la Haute-Garenne, prit la parole pour dire que le suffrage universel n’avait pas existé puisque les femmes n’étaient pas admises au droit politique.

Lanjuinais, lui répondit que les femmes étaient représentées par leurs maris.

Depuis, les députés chargés de faire des rapports sur les pétitions réclamant le suffrage des femmes se sont toujours tirés d’embarras en répétant après Lanjuinais que les femmes étaient représentées par leurs maris.

Il était nécessaire d’arrêter sur les lèvres des législateurs cette version erronée en demandant les droits électoraux pour les millions de Françaises qui n’ont pas de mari.

Quand on révise la loi électorale, des députés demandent quelquefois d’assurer la représentation des épouses en accordant aux électeurs mariés deux suffrages.

Mais, jamais il n’a été question de charger quiconque de déposer un bulletin pour les Françaises célibataires.