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INSTAURATRICES DE BIEN-ÊTRE

Toutefois, si la femme étale avec une sorte d’inconscience les vices de l’esclave, il faut reconnaître qu’elle fait aussi montre de qualités et, entre toutes, de cette aptitude à la prévoyance qui, en dépit du dénûment, lui permet de subsister.

Que ferait-on dans les ménages pauvres sans l’esprit précautionneux de la femme ?

Si la prévoyance féminine, si précieuse pour la famille, était utilisée pour la nation ; si la femme ménagère dans la maison était ménagère dans l’État. Toutes mesures seraient prises pour qu’on ne paie point cher les aliments.

Il est incompréhensible, que la femme chargée de ravitailler la maison n’ait pas le pouvoir de rendre ce ravitaillement facile, en assurant l’approvisionnement du marché.

Si l’on ne retirait honneurs et profits quand on s’emploie dans l’État, il est probable que le sexe masculin aurait laissé la prévoyance féminine intensifier la vitalité et accroître le bien-être de la nation. Mais comme il y a, pour qui est censé s’occuper du grand ménage public, une bonne rétribution et des croix de la légion d’honneur, les hommes ont dit : « Nous nous chargeons de préserver de la faim les estomacs ! »

Or, l’alimentation des Français, même en temps normal, n’est point assurée.

Si les femmes contribuaient à répartir les budgets comme elles contribuent à les former, elles ne laisseraient pas subsister pour la majorité de la nation l’ab-