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LE VOTE DES FEMMES

Les détenteurs du pouvoir n’ont aucun intérêt à servir les dégradées civiques d’origine.

Mais, cet intérêt, les femmes pourraient l’exciter en offrant des primes au dévouement. Recourir à l’achat des vouloirs, négocier les réformes souhaitées serait moins long, que de décider la masse des électeurs à forcer, en notre faveur, la main aux députés.

À notre époque de mercantilisme où tout s’acquiert à prix d’argent, pourquoi les femmes riches n’achèteraient-elles pas avec des votes et des projets de lois la liberté de leur sexe ?

Le droit s’achète, les réformes se négocient comme les affaires. Très souvent au Parlement, des avantages sont offerts, par les ministres, aux chefs de groupes, pour s’assurer en certaines circonstances, le vote de ces groupes.

Le seul mobile des actions humaines est l’intérêt, et c’est seulement l’intérêt, qui sera le stimulant déterminant à prendre parti pour les femmes.

L’argent est un moteur plus puissant que le temps pour changer les mentalités. Il est urgent que les revendicatrices aient un trésor libérateur ; afin d’être en mesure d’activer l’épanouissement du féminisme, en appliquant aux idées le forçage que les jardiniers appliquent aux plantes dont ils veulent hâter la floraison.

Le jour où les Françaises seront à même d’encoura-