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LE DROIT POUR LES FEMMES DE PÉTITIONNER


Pétition aux Conseillers généraux de la Seine.


« Messieurs les conseillers généraux,

« Vos efforts pour faire progresser les êtres et les choses m’excitent à croire que plus encore que les conseillers qui vous ont précédés, vous êtes résolus à pousser en avant l’humanité. C’est donc avec confiance que je viens vous prier — comme j’ai prié il y a vingt-et-un ans vos prédécesseurs — d’émettre un vœu pour que les femmes soient appelées à exercer leurs droits électoraux.

« Ces droits, qui sont pour l’être humain les meilleurs instruments d’émancipation, sont aussi la plus sûre garantie de n’être point lésé, quand surviennent des changements dans l’ordre social et la condition des individus.

« Veuillez, messieurs, considérer que la question de la propriété est à l’ordre du jour. Or, si le capital et la propriété étaient socialisés avant que les femmes soient électeurs, ces malheureuses ne récupéreraient pas en la société nouvelle ce qui leur aurait été pris, attendu que les fonctions, les emplois, le bon travail seraient monopolisés par les électeurs-souverains ; donc, plus encore que maintenant, les déshéritées du droit seraient des êtres de peine, des bêtes à plaisir.

« Sachant que les désirs que vous exprimez sont des ordres pour le Parlement, vous ne voudrez pas vous soustraire au devoir de faire se transformer la République de nom en République de fait, en aidant les matrices de la nation à devenir citoyennes !

« Vous voterez en 1906 la proposition qui fut examinée