Page:Auclert - Le vote des femmes, 1908.pdf/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
168
LE VOTE DES FEMMES

dît au sentiment et au désir de la majorité des Françaises M. Gerville-Réachue croit-il que l’émancipation des noirs répondit au sentiment et au désir de la majorité des esclaves ? L’état de sujétion est un état mou et lâche auquel on tient par habitude et par hébétude, et le premier mouvement est de reculer devant la liberté, c’est-à-dire devant la responsabilité. Mais ce n’est pas une raison pour perpétuer la servitude, il faut affranchir les esclaves les les femmes, même de force.

AUGUSTE VACQUERIE.


Paris.

Quelques orateurs se sont couverts de gloire en blaguant l’honorable pétitionnaire. Étant donné que les novateurs ont toujours tort, c’était une besogne trop facile.

Il n’y a pas un argument sérieux pour combattre le vote des femmes. On n’ose pas invoquer la question d’intelligence. Cela ferait rire tous les gens de bonne foi. La femme la plus bête sera toujours plus fine que l’homme le mieux doué. La femme possède un tact supérieur : puisque le suffrage universel est entré dans nos mœurs, il faut, sous peine d’illogisme, l’admettre tout entier. Dans quelque cinquante ans d’ici, nos petits-neveux seront stupéfaits d’apprendre qu’on aura attendu un long temps avant de donner à la femme des droits politiques égaux à ceux de l’homme. Nous paraîtrons aux yeux des citoyens de l’avenir, aussi stupides que les membres du concile de Mâcon, qui, à la majorité d’une voix seulement, décrétèrent que la femme avait une âme.

ALBERT DELPIT.