Page:Auclert - Le vote des femmes, 1908.pdf/170

Cette page a été validée par deux contributeurs.
162
LE VOTE DES FEMMES

Tous les journaux parlèrent de cette pétition.

La Presse trouva la réponse de la commission des pétitions dangereuse. Elle semble, dit-elle, encourager Mlle Hubertine Auclert à persévérer et à gagner l’opinion publique à une idée qui est fausse.

Le Figaro appuya notre revendication.

« Comment, dit-il, n’être pas choqué à l’idée qu’une de ces femmes de tête, comme on en compte par milliers dans le commerce ou l’industrie, ou bien une de ces femmes de haut luxe, résumant en elle la culture de vingt générations n’ait pas sur les affaires publiques, la part d’influence que personne n’oserait contester aujourd’hui au charretier de la marchande, ou au palefrenier de la grande dame.

Changeons de monde si vous voulez ; comparez la ménagère laborieuse, économe, martyre du mariage et de la maternité, qui vient chercher le jour de paie, à l’atelier, son mari ivrogne et qui tâche de sauver des cabarets le modeste pécule de la maisonnée ! L’être maculé de vin et de boue, dégradé, abruti, immonde, qui heurte les murailles et qui bat sa femme — c’est l’électeur. C’est lui dont on défend les droits, c’est lui qu’il est urgent de représenter.

La femme, la victime ne compte pas ; elle n’est pas « suffisamment préparée. »

Dans La Bataille M. Lissagaray réfute en ces termes le rapport de M. Cavaignac : « Le vote des femmes est le corollaire fatal du suffrage universel, comme la vie politique est le corollaire de l’affranchissement des