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XX
INTRODUCTION

Syntaxe. — Répétition de que avant et après une incidente : v. n. crit. à X 47.

Suite de propositions à sujets différents : v. n. crit. à XXIV 45–6.

Constructions mixtes : v. n. crit. à X 27, XIV 20, XVI 23.


VII. Versification. — Les laisses d’Aucassin et Nicolette sont composées de vers de 7 syllabes (8 dans les vers féminins) unis par l’assonance, plus un vers de 4 syllabes (ou 5 syllabes, ce vers étant féminin[1]) qui est le plus souvent terminé en -ie, sauf aux laisses I (douce), III (douce), V (fare), IX (bataille), XV (gardes), XXVII (rivage).

En ancien français, les vers de 7 syllabes ne se rencontrent pas ailleurs groupés en laisses ou en couplets ; les exemples en sont rares même dans les poèmes à forme strophique[2] ; mais ils se rencontrent dans la poésie lyrique. W. Suchier, à l’appui de l’origine orientale d’Aucassin et Nicolette, a pensé que ce vers de 7 syllabes pouvait provenir de la brisure en deux parties d’un vers arabe de 14 syllabes[3] ; ainsi s’expliquerait que la mélodie d’Aucassin et Nicolette s’appliquât à un groupe de 2 heptasyliabes. Il paraît plus simple d’admettre que l’auteur d’Aucassin et Nicolette a pris sa mélodie, et par suite son mètre, dans quelque poème lyrique, peut-être une chanson en vogue, le vers de 7 syllabes n’étant pas rare dans la chanson populaire[4].

Les assonances sont en général masculines, quatre seulement sont féminines (III, V, XXXIII, XXXVII) ; les plus fréquentes sont en i (6 : I, XI, XIX, XXIX, XLI, et V fém.) et en é (de -atu, 5 : VII, XIII, XVII, XXXI, XXXV), 2 sont eu o fermé (XXVII, XXXIX), 2 en o ouvert (XXIII, et XXXIII fém.), 1 en a (XXXVII fém.), 1 en ai et a (III fém.), 1 en an (XV), 1 en é (de

  1. Dans III et V, le copiste a supprimé l’e final.
  2. Cf. Naetebus, Die nichtlyrischen Strophenformen…, III, LXII, LXXXIII, LXXXVII 16
  3. Introduction à la 9e éd. Suchier, p. xxvii–viii.
  4. Cf. ci-dessous, Musique, p. xxv.