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INTRODUCTION.

de l’auteur[1]. On en trouvera la description sommaire dans le Bull. de la Soc. d’Hist. du Protest. franç. (1863, p. 339 et 465) et dans la notice de M. Legouëz. L’autre manuscrit des Tragiques est conservé à Londres (British Muséum, fonds Harleian, no 1216, in-4o). Il est parfaitement établi qu’il provient de d’Aubigné. Il a été sommairement décrit par M. Read dans les notes de son édition (p. 339). Mal connu jusqu’ici, il n’a été sérieusement examiné par aucun éditeur[2].

Nous nous proposons de rechercher, par la comparaison des variantes du livre Ier, quelle est, de ces quatre formes du texte des Tragiques, celle qui doit servir de base à une édition critique de ce poème, et dans quelle mesure il convient de tenir compte des autres. La question ne semble pas avoir été résolue ni même nettement posée par les précédents éditeurs. M. Lalanne ne connaissait pas les manuscrits. Quant aux éditions de M. Read et de MM. Réaume et de Caussade, elles sont strictement fondées sur le manuscrit Tronchin, bien que M. Read ait mis en doute la supériorité de ce manuscrit sur l’édition sans lieu ni date (cf. son Avant-propos, p. xvj).

Éliminons tout d’abord l’édition de 1616, puisque manifestement d’Aubigné a revu, corrigé et augmenté ce texte primitif dans la seconde édition.

Nous ne pensons pas qu’il faille attribuer plus d’importance au manuscrit de Londres. Il est impossible d’y voir autre chose qu’une copie, parfois assez mauvaise, du manuscrit de Bessinges, Il reproduit en effet toutes les leçons propres à ce dernier manuscrit[3], et n’apporte

  1. C’est le texte de ce manuscrit qu’ont reproduit les deux plus récentes éditions des Tragiques : celle de M. Read et celle de MM. Réaume et de Caussade. Grâce à l’obligeance de M. Henri Tronchin, qui a bien voulu permettre à l’un de nos camarades, M. Edmond Flegenheimer, de prendre connaissance de ce manuscrit, nous avons pu fixer certaines leçons restées douteuses et rectifier quelques erreurs de lecture des précédents éditeurs.
  2. M. Charles Bonnior, de l’Université d’Oxford, a soigneusement collationné ce manuscrit pour la plus grande partie du livre I, et la liste de variantes qu’il a bien voulu dresser pour nous, nous a permis d’en déterminer la valeur.
  3. Exemples, v. 12, au lieu — v. 38, en connoistre — v. 82, eschevelee, affreuse — v. 102, donnoit — v. 108, ayant dompté long temps — v. 167,