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Les Aventures

Enay. Vous êtes toujours scandaleux.

Beaujeu. Le roy mesme, pour aller à l’amour, accompagné de Frontenac 4 seul, estant tous deux déguisez de cappes de Bearn blanches, alla en poste à Yemant. Ayant passé Artez, trouva la populace du pays, qui avec bastons ferrez poursuivoit des sorciers ; toutes le » cloches sonnèrent sur lui, et deux cents populaces, qu’à pied, qu’à cheval, les poursuivirent aux rais 1 de la lune, criants : A la cause, à la cause 8 ! jusques dans le jardin de Yemant, où la comtesse *, qui les sttendoit, fit le holà.

Fæneste. Je beux vien cela, mais je continue à dire

i. Antoine de Brade, Seigneur de Frontenac, eeuyer de Henri IV. et son premier maître d’hôtel en 1607.

a. Rayons, an clair de lune.

. À la cause ! Aux Huguenots ! Après la S.-Bartbelemi de Tan 157a, les ennemis de la Reformation s’avisèrent de faire deux classes de ceux des Huguenots qui avoient échappé à la tuerie, les uns paisibles, qu’on promettoit de laisser en repos, les autres qui vouloient se procurer parles armes le rétablissement des Edita de pacification. Au parti de ceux-ci on donnalenom odieux de/a caute, et il étoit ordonné de leur courir sus par tout au son du tocsin. Voiez les Mem. de VEtat de France tous le règne de Charles IX, édit. de 15*79, 1. 1, au feuillet 3a3 b et suiv. L. D. . Sans doute Diane d’Andouins, dite la belle Corisande^ comtesse de Grammont. Je ne comtois point le lieu nommé Yemant. Peut-être ce nom est-il estropié comme tant d’autres* On pourroit lire Andoins, près de Pau, où Corisande avoitune terre, on bien Hagetmau. Cette dernière supposition expliqneroit un passage d’une lettre de Henri IV à Corisande : « Le bruit

» de ma mort, allant à Hajet » mau, a couru à Paris, et quel » ques prescheurs, en leurs ser » mons, la mettoient pour un 
» des bonsheurs que Dieu leur 
» avoit envoyés. » On lit Ye~ 

ntatt dans l’édition de i63o, mais d’Aubigné avoit pu écrire Yemaut, qui est la prononciation gasconne des deux dernières syllabes de Hagetmau.