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son admiration nous fait défaut un jour, veuille bien ne pas t’en offenser, mais te tenir pour averti. Selon moi, tu as pris une détermination bien grave en portant à sa connaissance des dogmes si opposés à sa religion et à ses croyances. Comment as-tu été amené à désirer qu’un sectateur du culte des gentils fût instruit de nos doctrines ? Je ne puis me l’expliquer que par un excès d’affection pour moi. Je te prie de ne plus le faire dorénavant. Crains, en voulant me prouver ton attachement, d’offenser celle qui règne sur l’esprit de l’empereur. Si l’empereur persévère, l’offense sera sans danger ; sinon, nous n’aurons rien gagné à cette conduite. Or, si la reine est vraiment reine, elle ne se fâchera pas ; si ce n’est qu’une femme, elle sera blessée. Adieu.


LETTRE IX.


sénèque à paul, salut.


Tu t’es ému de ce que je t’ai écrit au sujet des Épîtres que j’ai montrées à l’empereur. Ce qui t’afflige, c’est moins, je le sais, la crainte d’un danger personnel que la connaissance des obstacles qui détournent l’esprit humain de certaines doctrines et d’une certaine morale. Je n’en suis plus à m’étonner moi-même, après tout ce que l’expérience m’a appris. Suivons donc une autre ligne de conduite, et si par le passé j’ai agi avec trop de liberté, pardonne-le-moi.

Je t’envoie un traité sur la richesse des expressions.


LETTRE X.


paul à sénèque, salut.


Toutes les fois que je t’écris et que je place mon nom