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épis et entourées d’une variété de boucles de ruban, et de l’autre côté une carafe et un verre. Il s’avança jusqu’au siége du maître de la maison, et lui présenta la gerbe, en lui souhaitant chaque année de sa vie une récolte aussi abondante ; après quoi il versa à boire à la compagnie. Le vieillard le remercia d’une voix émue, et avala d’un seul trait le verre qui lui était présenté. Le maître des cérémonies versa alors à boire, à la ronde, à toute la compagnie, qui passa ensuite dans la pièce voisine, où un souper composé de mouton, de laitage et de crêpes au sucre, était préparé. Si le Rapin qui imagina de faire dire par un gros anglais, au pauvre qui n’avait pas mangé depuis la veille : « G…m, le coquin, il être bien heureux d’avoir faim, » avait vu ces bonnes gens manger, il aurait assurément transporté son milord goutteux et envieux dans la salle du festin, et lui aurait fait dire au pluriel : « G…m, les coquins, ils être bien heureux d’avoir faim. » Pour me servir de l’expression du