Page:Aubert de Gaspé - Le chercheur de trésors ou L’influence d'un livre, 1878.djvu/75

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 75 —

ce qui les environna la nuit précédente, et faisant rejaillir leur mauvaise humeur sur tout ce qui les approche. Le hasard a voulu que quelques-unes, douces, aimantes, vraies météores dans la création, parussent parmi nous. Dans leur enfance c’était un plaisir de les entendre, de les voir, de les aimer : elles étaient pures, naïves et riantes : mais la société les a bientôt flétries. Elles ont couvert d’un voile leur âme pure ; leur naïveté s’est changée en déception, leur sourire est devenu trompeur ; suivant les idées d’une mère expérimentée, elles sont devenues marchandes de sentiment, elles ont appris à les prodiguer à ceux qui ont de l’or : — on leur a dit que c’était le bonheur. Loin d’entourer leur enfance d’idées riantes, on a tapissé leur berceau de peintures de famine. Avant qu’elles connussent l’amour, on leur a parlé de femmes malheureuses, entourées des enfants de la misère, baptisés dans les larmes :

« The child of misery baptised in tears. »xxxxxxxxxxxx
Crabbe.