Page:Aubert de Gaspé - Le chercheur de trésors ou L’influence d'un livre, 1878.djvu/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 34 —

capitale. Après avoir pris quelques verres de vin, qui contenaient un fort narcotique que Mareuil y avait jeté à son insu, il manifesta le désir de se reposer, et se jeta sur un petit lit, où il ne tarda pas à s’endormir.

Alors commença le drame horrible dont nous allons entretenir nos lecteurs. Mareuil, jusqu’alors accoudé sur la table et enseveli dans ses rêveries, se leva et fit quelques tours dans la chambre à pas lents, puis s’arrêta près de l’endroit où dormait sa victime. Il écouta, d’un air inquiet, son sommeil inégal et entrecoupé de paroles sans suite. « Il n’est pas encore entièrement « sous l’influence de l’opiat, » se dit-il, et il retourna s’asseoir sur un sofa. La lumière qui brûlait sur la table laissait échapper une lueur lugubre, qui donnait un relief horrible à son visage sinistre enfoncé dans l’ombre ; relief horrible, non par l’agitation qui se peignait sur des traits d’acier, mais par le calme muet et l’expression d’une tranquillité effrayante.