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s’étant emparé de la poule que Dupont lui présentait, il lui coupa le cou avec le même instrument dont il s’était servi pour couper la branche ; il fit dégoutter le sang sur le brasier qu’il recouvrit de verveine et y répandit une poudre sulfureuse qu’il avait dans sa poche. Le soufre s’étant enflammé, une épaisse fumée s’éleva entre Dupont et lui. À peine son malheureux compagnon l’eut-il vue et sentie qu’il porta la main à son front en prononçant les mots : « Au nom du Père » etc. Amand lui saisit le bras, en le toisant d’un air menaçant, et recula lui-même de quelques pas pour voir l’effet que produirait sa nécromancie. Quelle fut sa consternation, lorsqu’il vit le dernier tourbillon de fumée se perdre dans les nuages, et la nature qui l’environnait plongée dans la même apathie ! Sa tête tomba sur sa poitrine et il demeura quelques instants pensif, puis s’adressant avec amertume à Dupont :

— Il y a ici quelque tour de votre façon, monsieur. Dupont garda le silence.