Page:Aubert de Gaspé - Le chercheur de trésors ou L’influence d'un livre, 1878.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 25 —

Dupont demeura silencieux. Ils étaient arrivés au sommet de la montagne et ils commençaient à distinguer le lac qui, par cette nuit sombre, ressemblait à un immense voile noir. Ils descendirent rapidement le peu de chemin qu’il leur restait à faire et se trouvèrent enfin sur sa rive.

Amand tira aussitôt de sa poche une lame d’acier vierge, qu’il avait préparée à cet effet, et s’en servit pour couper une branche de coudre vert, en forme de fourche qu’il trempa trois fois dans les eaux du lac, en prononçant une formule cabalistique à voix basse.[1] Puis il la planta en terre, et, à l’aide d’un briquet et de tondre,[2] il alluma un petit feu ;

  1. Je dois avertir mon lecteur que cette formule de conjuration, ainsi que la manière de changer les métaux en argent, dont nous avons parlé plus haut, ne se trouve pas dans les ouvrages d’Albert-le-Petit tels qu’on les vend ordinairement. Mais ce sont des éditions contrefaites. Amand m’a assuré, lui-même, qu’il tenait un véritable exemplaire de l’original qui lui avait été donné par un Français.
  2. Les cultivateurs canadiens se servent de loupes d’érables sèches, pour allumer du feu à l’aide d’un briquet et d’une pierre à fusil.