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a de l’aplomb et il est satisfait de lui-même. Si tu n’éprouves pas sa gêne dans le premier cas, tu as son orgueil dans le second ; tu sais que tu ne manques pas d’esprit, tu t’es dit : un présent et un joli billet, cela doit faire une impression. Cela était nouveau pour toi ; mais elle est blasée sur les présents et les jolis billets ; voilà toute la différence.

— Je vois que je ne suis qu’un sot.

— Finis donc, malin ; dis donc plutôt que tu manques de pratique ; car un sot, vois-tu, c’est généralement un homme du monde. La raison en est bien simple. Il n’a rien autre chose dans la tête, et, comme tu dis, il passe son temps à chercher des poses : des idées, c’est trop fatigant ; or, vu que similis simili gaudet, il n’est pas surprenant qu’une femme de société soit tout étonnée qu’on lui parle raison ; cela l’ennuie et elle va répondre oui à celui qui, après s’être regardé dans une glace et avoir arrangé sa cravate, lui apprend la grande nouvelle : que la chambre est bien éclairée.