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de leur bonheur comme vous l’entendez. C’est dommage, il est pourtant gentil le monde ; qui aurait pu le croire que moi qui ne valais rien, il y a quatre ou cinq ans, je suis si charmant à présent ! — Mais c’est connu, et il se mit à chanter :

Autrefois Jean n’avait rien,
On disait, c’est un vaurien ;
Mais depuis son héritage,
On dit, c’est un garçon sage.

C’est vrai, vingt à trente visites par jour, c’est bien commencer, et déjà ma grosse écriture est bonne à figurer dans l’album d’Hortense. Elle n’a pourtant pas changé depuis deux ans ; non, c’est moi qui ai changé. C’est tout naturel, un jeune homme sans avenir, ça ne doit pas avoir de sentiment ; aussi la visite finie — crac, la page au feu. Ce n’est pas le plus drôle ; ce qui m’amuse le plus, c’est que, dans ce temps-là, je ne m’y attendais pas. Après tout, c’est désespérant de voir qu’il faille tout apprendre par la pratique. Ce pauvre Dimitry, s’il savait comment sa jolie note et son