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voilà de quoi le rendre heureux. C’était par une belle matinée d’avril : Saint-Céran était admis à pratiquer la médecine depuis six mois ; or, ce jour-là, il avait approché son sofa de la grille, et mollement étendu auprès du feu, un livre d’une main et un cigare de l’autre, il se reposait de fatigues d’un grand bal, où il avait passé la nuit précédente ; tantôt il lisait, tantôt il se parlait à lui-même.

« Oh ! ruines ! je retournerai vers vous prendre vos leçons, je me replacerai dans la paix de vos solitudes, et là, éloigné du spectacle affligeant des passions, j’aimerai les hommes sur des souvenirs : je m’occuperai de leur bonheur, et le mien se composera de l’idée de l’avoir hâté. »

— Vous auriez fait là une fameuse sottise, M. le comte de Chassebœuf, dit-il en jetant le livre sur la table qui était près de lui, car outre qu’il faut avoir l’imagination bien disposée pour aimer les hommes sur des souvenirs ; je crois qu’il est à-peu-près inutile de s’occuper