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La Sirène était commandée par le capitaine Clenricard : il était d’une haute stature, et avait quelque chose de repoussant et de féroce dans les traits ; ses immenses sourcils croisés, au-dessus de son nez aquilin, le faisaient paraître comme constamment occupé d’une arrière-pensée. Il était placé sur l’Île d’Anticosti pour prêter secours aux malheureux naufragés. Il faisait aussi la contrebande, et était chargé de pelleteries au temps où nous parlons. Le King Fisher, qui s’en doutait depuis longtemps, avait enfin réussi à acquérir la certitude que, dans le moment même, il faisait voile vers Québec, avec une riche cargaison. Or, Clenricard ne se fut pas plus tôt aperçu que la goëlette du gouvernement portait sur lui qu’il rebroussa chemin, et chercha son salut dans la fuite.

— Il faut ôter la voile de fortune immédiatement, Michel, dit-il, car nous forçons trop à la mer.

— Oui, capitaine.