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mouvement convulsif, je me trouvai debout, et face à face avec le fantôme dont l’haleine enflammée me brûlait le visage. « Fantôme ! » lui criai-je, « si tu es de la part de Dieu, demeure ; mais si tu viens de la part du diable je t’adjure, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, de t’éloigner de ces lieux. » Satan, (car c’était lui, messieurs, je ne puis en douter,) jeta un cri affreux, et son chien poussa un hurlement qui fit trembler ma cabane ; comme l’aurait fait une secousse de tremblement de terre. Tout disparut alors, et les trois portes se refermèrent avec un fracas horrible. Je retombai sur mon grabat, mes deux chiens m’étourdirent de leurs aboiements, pendant une partie de la nuit, et ne pouvant enfin résister à tant d’émotions cruelles, je perdis connaissance. Je ne sais combien dura cet état de syncope ; mais, lorsque je recouvrai l’usage de mes sens, j’étais étendu sur le plancher mourant de faim et de soif. Mes deux chiens avaient aussi beaucoup souffert ; car ils avaient mangé