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premier mouvement fut de prier ce Dieu que j’avais tant offensé et lui demander pardon de mes crimes : mais l’orgueil l’emporta, et repoussant ce mouvement de la grâce, je me couchai, tout habillé, dans le douzième lit, et mes deux chiens se placèrent à mes côtés. J’y étais depuis environ une demi-heure, lorsque j’entendis gratter sur ma cabane, comme si des milliers de chats, ou autres animaux, s’y fussent cramponnés avec leurs griffes ; en effet je vis descendre dans ma cheminée et remonter avec une rapidité étonnante, une quantité innombrable de petits hommes hauts d’environ deux pieds ; leurs têtes ressemblaient à celles des singes et étaient armées de longues cornes. Après m’avoir regardé, un instant, avec une expression maligne, ils remontaient la cheminée avec la vitesse de l’éclair, en jetant des éclats de rire diaboliques. Mon âme était si endurcie que ce terrible spectacle, loin de me faire rentrer en moi-même, me jeta dans un accès de rage ; je mordais mes chiens pour les