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dirent par des cris de douleur, comme si on leur eût brisé les os. J’hésitai ; mais l’orgueil l’emportant, je sortis armé de mon fusil chargé à trois balles ; mes deux chiens, si féroces, ne me suivirent qu’en tremblant. Tout était cependant retombé dans le silence, et je me préparais déjà à rentrer, lorsque je vis sortir du bois, un homme suivi d’un énorme chien noir ; cet homme était au-dessus de la moyenne taille et portait un chapeau immense, que je ne pourrais comparer qu’à une meule de moulin, et qui lui cachait entièrement le visage. Je l’appelai, je lui criai de s’arrêter ; mais il passa, ou plutôt coula comme une ombre, et lui et son chien s’engloutirent dans le fleuve. Mes chiens tremblant de tous leurs membres s’était pressés contre moi et semblait me demander protection.

Je rentrai dans ma cabane saisi d’une frayeur mortelle ; je fermai et barricadai mes trois portes avec ce que je pus me procurer de meubles ; et ensuite mon