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me parut un siècle, je vis la goëlette mettre toutes ses voiles et disparaître. Pelchat n’en mourut pourtant pas subitement, il languit pendant trois années et rendit le dernier soupir en pardonnant à son meurtrier. Puisse Dieu me pardonner, au jour du jugement, comme ce bon jeune homme le fit alors.

Un peu rassuré, par le départ de la goëlette, sur les suites de ma brutalité, (car je réfléchissais que si j’eusse tué ou blessé Pelchat mortellement, on serait venu me saisir,) je m’acheminai vers ma nouvelle demeure. C’était une cabane d’environ vingt pieds carrés, sans autre lumière qu’un carreau de vitre au sud-ouest ; deux petits tambours y étaient adossés ; en sorte que cette cabane avait trois portes. Quinze lits, ou plutôt quinze grabats, étaient rangés autour de la pièce principale. Je m’abstiendrai de vous donner une description du reste ; ça n’a aucun rapport avec mon histoire.

J’avais bu beaucoup d’eau-de-vie pendant la journée, et je continuai à boire