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Ces paroles me firent mal.

Tu fais le drôle, Pelchat, lui criai-je ; mais suis bien mon conseil, fais-toi tanner la peau par les sauvages ; car si tu me tombes sous la patte dans trois mois, je te jure par… (autre exécrable juron,) qu’il ne t’en restera pas assez sur ta maudite carcasse, pour racommoder mes souliers.

— Et quant à toi, me répondit Pelchat, le diable n’en laissera pas assez sur la tienne pour en faire de la babiche.

Ma rage était à son comble ! Je saisis un caillou que je lançai avec tant de force et d’adresse, malgré l’éloignement de la terre, qu’il frappa à la tête le malheureux Pelchat et l’étendit sans connaissance dans la chaloupe. Il l’a tué ! s’écrièrent ses trois compagnons, un seul lui portant secours tandis que les deux autres faisaient force de rames pour aborder la goëlette. Je crus, en effet, l’avoir tué, et je ne cherchai qu’à me cacher dans le bois, si la chaloupe revenait à terre ; mais une demi-heure après, qui