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nerres, oui, ce sera moi ; car vous seriez trop lâches pour en faire autant : je ne crains ni Dieu, ni diable, et quand satan y viendrait je n’en aurais pas peur. Bravo ! s’écrièrent-ils tous. Huzza ! pour Rodrigue. Je voulus rire à ce compliment ; mais mon ris ne fut qu’une grimace affreuse, et mes dents s’entrechoquèrent comme dans un violent accès de fièvre. Chacun alors m’offrit un coup, et nous passâmes l’après-midi à boire. Ce poste de peu de conséquence était toujours gardé, pendant trois mois, par un seul homme qui y faisait la chasse et la pêche, et quelque petit trafic avec les sauvages. C’était la terreur de tous les engagés, et tous ceux qui y avaient resté, avaient raconté des choses étranges de cette retraite solitaire ; de là, son nom de ; Poste-du-Diable — en sorte que depuis plusieurs années on était convenu de tirer au sort pour celui qui devait l’habiter. Les autres engagés qui connaissaient mon orgueil savaient bien qu’en me nommant unanimement, la honte